LUVOS migrations

2023

LUVOS migrations - EP (16:51)
uniquement en version digitale
sortie le 27.05.2023

LUVOS migrations est la bande originale du film de danse d'Editta Braun et Menie Weissbacher, AT 2022. Vision du futur ou images d'un univers parallèle ? Dans des paysages naturels à couper le souffle, des panoramas industriels automatisés et des ruines désertes, un voyage à travers le temps et les espaces de vie.

Thierry Zaboitzeff - imd zabmusic 2023
All instruments - cello -bass guitar - keyboards - samplers - recording, mixing, mastering by Thierry Zaboitzeff
Visual by Editta Braun & Menie Weissbacher 2023

Forces Parallèles (F)


LUVOS migrations - Thierry Zaboitzeff
Musiques Nouvelles | B.O - Films - Série
28/12/2023


Nous – c’est-à-dire mes danseurs spécialisés et moi-même – créons des êtres qui oscillent entre animaux et plantes avec des corps féminins extrêmement mobiles et enlacés, pour la plupart nus. Les corps complètement dépersonnalisés des danseurs (le visage et la poitrine ne sont jamais visibles) nous font oublier qu’il s’agit ici d’êtres humains. L’illusion est ainsi créée d’évoluer dans un monde unique, un univers nommé LUVOS. Editta Braun

Editta Braun et Thierry ZABOÏTZEFF ont déjà accompli de nombreuses collaborations interartistiques, dont certaines bandes originales furent publiées en CD par Atonal Records (Heartbeat en 1997, India en 1998, Miniaturen en 1999, Nebensonnen en 2000), soit par Thierry Zaboïtzeff lui-même (LoSt en 2016, Layaz en 2019, NaYmA en 2022, etc).

Luvos Migrations succède à Luvos, Vol. 2 (2001) et Planet Luvos (2012) dans une série d’œuvres chorégraphiques consacrées à la métamorphose des corps humains. Ces pièces exigent des aptitudes physiques particulières, à tel point que Luvos est également devenu une école (au sens spirituel du terme) chorégraphique à part entière, dirigée par Editta Braun elle-même. Thierry ZABOÏTZEFF affirme avoir composé la musique de Luvos Migrations sur les images finales du film, sur les suggestions d’Editta Braun.*

À l’opposé de la plupart des autres projets directement performés sur scène, Luvos Migrations est un court-métrage de 19 minutes, dévoilé en première mondiale le 22 novembre 2022 à la cinémathèque Das Kino à Salzburg, en Autriche. Plutôt qu’une simple facilité technique, le médium film permet à Editta Braun d’inscrire ses figures dans de nouveaux environnements naturels, luxuriants ou industrieux, désaffectés. N’ayant pas accès au film dans son intégralité, j’orienterai ma chronique avant tout sur la musique.

La musique de Luvos Migrations se présente sous la forme d’un E.P d’une unique piste de près de 17 minutes. Là où Luvos Vol. 2 (disponible sur l'album Iva Lirma: Archives 02-07) était plutôt minimaliste et Planet Luvos enchaînait plusieurs atmosphères à dominante électronique, Luvos Migrations se fait plus organique, dominé par le violoncelle et le piano, sous la forme de plusieurs thèmes enchaînés entre eux par divers bruits d’ambiance. Les éléments électro-acoustiques demeurent sans pour autant s'arroger la part du lion.

Le premier thème est construit sur le contraste entre l'ostinato de piano piqué et les cordes souples : on distingue plusieurs séquences récurrentes. Une exposition conséquente suivie d'une mosaïque plus fracturée : une douce phrase de piano dodécaphonique perturbée par des nappes dissonantes, un autre thème très expressif, peut-être le plus proche du versant mélodique de ART ZOYD, un autre fait d'un puissant empilement de chœurs éthérés qui rappellent avec délice "Épreuves D'Acier" (1995, 1997), le tout avec diverses réexpositions, souvent amenées en porte-à-faux - comme le premier retour du thème initial surgissant après une transition sur une tonalité différente.

"Luvos Migrations" est davantage un environnement sonore et musical qu'une partition montée d'un seul tenant. Les thèmes sont bien distincts mais on passe de l'un à l'autre en toute fluidité, comme dans les différentes pièces d'un musée. Une analogie sans doute complètement foireuse vis-à-vis du projet filmique, mais qui a le mérite de caresser mon égo avec une conclusion bien coolos.

http://fp.nightfall.fr/imprim.php?idchoix=17532

* Source: https://rythmes-croises.org/luvos-migrations-deditta-braun-et-thierry-zaboitzeffmetaphore-dune-humanite-resiliente-de-sa-propre-civilisation-devastatrice/

rédigé par NANAR

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Prog Censor (B)


Thierry Zaboitzeff 
LUVOS migrations
rock in opposition / soundtrack – 16:51 – France 2023

24/09/2023 par AUGUSTE


«LUVOS migrations» est une chorégraphie (Editta Braun), un film (Menie Weissbacher) et une musique (Thierry Zaboitzeff): LUVOS, groupe de danseurs spécialisés de e b c (la compagnie de la chorégraphe autrichienne, compagne du compositeur) parle – et montre et met en scène et sort du rêve – un monde étrange, peuplé de créatures ciselées et indéterminées (un corps, des membres, pas de tête), mouvantes et vivantes, habitant des décors de béton et de graffitis qui disent former une civilisation. Cette vision dure (l’apocalypse d’une vision architecturale brutale) et optimiste (le mouvement vital d’êtres torsadés – peut-être adaptatifs) est portée une bande son luxuriante (la riche palette de timbres), animée (les sons animaux et naturels), intrigante (les ruptures de rythmes), mobile (elle nous mène dans la scène) et mobilisatrice (on veut y être, on veut repeindre ces murs, en araser les angles).
Auguste
Bandcamp: https://thierryzaboitzeff.bandcamp.com/.../luvos...
vimeo: https://vimeo.com/751118062
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Revue & Corrigée (F)


THIERRY ZABOITZEFF – Revue&Corrigée
7 septembre 2023
LUVOS MIGRATIONS

BANDCAMP, DL – 2023

Luvos fut d’abord une étrange planète, monde aquatique générateur de la vie, projet théâtral développé par la chorégraphie Editta Braun, et l’objet en 2013 d’un CD, Planet Luvos.

Reprenant l’idée d’un espace peuplé d’êtres étranges, la chorégraphe, associée au réalisateur et photographe Menie Weissbacher (qui œuvre beaucoup dans les films publicitaires), laisse voir des personnages errant dans un monde que l’humain a détérioré. Bref une courte chorégraphie filmée, mise en musique par son compagnon Thierry Zaboitzeff. La trame musicale, d’un peu plus de seize minutes, s’inscrit dans une musique évolutive, tantôt rythmée voire saccadée, parsemée de nappes sonores plus évanescentes, souvent générée par son violoncelle, dans laquelle se glissent sons aquatiques, cris d’oiseaux, quelques aboiements, un bref hurlement de sirène… créant un environnement d’une sérénité étrange et mystérieuse.

Pierre DURR

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Babyblaue Seiten (D)


LUVOS migrations - EP
Chronique par Siggy Zielinski du 5-.9.2023


"LUVOS migrations" est un film de danse de 19 minutes réalisé par le photographe/cinéaste autrichien Menie Weissbacher et la chorégraphe Editta Braun. La première a eu lieu le 22 novembre 2022 au centre culturel cinématographique de Salzbourg, DAS KINO. Une bande-annonce sur www.editta-braun.com/e/films/luvos-migrations.html donne à peu près l'impression d'un spectacle de danse d'avant-garde, dans lequel les corps des quatre danseuses presque nues évoquent plutôt les plantes ou les insectes. Le site web mentionne en outre une trentaine de danseuses qui ont participé à l'élaboration des mouvements de danse difficiles et originaux. Les quatre danseuses exécutantes ont été filmées sur écran vert en studio, puis l'écran vert a été remplacé par diverses images d'arrière-plan.

La pièce musicale de 17 minutes accompagnant le film de danse susmentionné a été réalisée en solo par Thierry Zaboitzeff. Avec les nombreuses pistes sonores différentes et le caractère de musique de chambre, on peut presque parler d'un homme-orchestre. La dame qui chante de temps en temps provient probablement d'un sampler. Sinon, on entend divers bruits de la nature et autres effets échantillonnés ainsi que du piano, des synthétiseurs, un trombone, une trompette, des cordes, des séquenceurs, des rythmes électroniques et des violoncelles.

Le morceau alterne entre des passages plus denses et des passages arrangés avec plus de parcimonie. Dans l'ensemble, le mélomane ouvert peut écouter un mélange original de styles : musique classique moderne, musique progressive à large spectre, paysages sonores ambiants et électronique.

Considérés ensemble, la musique et le film de danse de "LUVOS migrations" devraient constituer une expérience impressionnante. (Le film ne semble toutefois pas être disponible sur Internet). D'autre part, la musique de Zaboitzeff est en soi suffisamment intéressante pour se suffire à elle-même.

Traduit automatiquement de l'allemand.
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Exposé online (USA)




Critique du EP- Thierry Zaboitzeff - Luvos Migrations
par Peter Thelen, Publié le 2023-08-13


Zab a été très occupé ces derniers temps, ne se contentant jamais de répéter ses succès, allant toujours de l'avant vers de nouveaux univers sonores, bien que son travail avec la compagnie de danse de la chorégraphe Editta Braun se poursuive, tout comme le concept de Luvos, qui a fait sa première apparition en 2012 avec Planet Luvos, une suite de 33 minutes en sept parties (il manque curieusement l'acte 1), que nous avions chroniqué ici dans Exposé à l'époque. Qu'est-ce que LUVOS ? Le site web de Braun l'explique ainsi : "Mes danseurs spécialisés et moi-même créons des êtres qui oscillent entre les animaux et les plantes avec des corps féminins extrêmement mobiles et entrelacés, la plupart du temps nus. Les corps des danseuses, complètement dépersonnalisés (le visage et les seins ne sont jamais visibles), nous font oublier qu'il s'agit d'êtres humains. L'illusion est créée d'être dans un monde qui nous est propre : un univers LUVOS". Luvos Migrations est la bande originale du film de danse d'Editta Braun et Menie Weissbacher, en 2022. Il s'agit essentiellement d'un single de dix-sept minutes, composé par Zaboitzeff, qui joue de tous les instruments, y compris du violoncelle, de la guitare basse, des claviers, des échantillonneurs, des sons trouvés et peut-être aussi des instruments logiciels. La pièce commence par le son de l'eau qui ondule et des oiseaux, suivi d'une cadence de cordes, soudainement interrompue par l'électronique, qui finit par former une pulsation puissante sur laquelle flotte une voix céleste. La pièce se poursuit dans un état d'évolution constante à travers plusieurs sections distinctes, le violoncelle omniprésent guidant la pièce au fur et à mesure de son développement, un paysage de rêve mélodique doux et subtil jusqu'à la neuvième minute environ, lorsqu'un fracas brutal vient tout écraser et emmène l'auditeur à travers le portail suivant, où le concept est reconstruit en quelque chose d'entièrement nouveau, et ainsi de suite. L'auditeur peut imaginer les mouvements de danse qui suivent la musique au fur et à mesure qu'elle progresse. En fin de compte, nous nous retrouvons non loin de l'endroit où tout a commencé, avec des cordes et des mélodies aventureuses sur fond de sons environnementaux échantillonnés. À l'heure où j'écris ces lignes, Luvos Migrations est disponible uniquement en téléchargement sur le lien ci-dessous.
 
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Rythmes Croisés (F)




LUVOS migrations d’Editta BRAUN et Thierry ZABOITZEFF : Métaphore d’une humanité résiliente de sa propre civilisation dévastatrice ?
13 juillet 2023 Philippe Perrichon Articles et Entretiens, Chroniques
LUVOS migrations : Editta BRAUN et Thierry ZABOITZEFF

Métaphore d’une humanité résiliente de sa propre civilisation dévastatrice ?

Créé le 22 novembre 2022 à Salzbourg, le spectacle LUVOS migrations met en scène la rencontre de deux veines d’inspirations fortes, atypiques, et dont l’originalité et parfois l’étrangeté se saisissent de l’attention du spectateur : LUVOS migrations, à l’instar des œuvres précédentes de ce tandem lumineux signe l’osmose parfaite entre le style résolument novateur, à la fois sculptural et mouvant de la chorégraphe autrichienne Editta BRAUN et la palette musicale si personnelle du compositeur français Thierry ZABOITZEFF.

Le travail commun d’Editta BRAUN et de Thierry ZABOITZEFF est l’histoire d’une collaboration de plusieurs décennies : en 1997, ils co-produisent un de leurs premiers spectacles communs intitulé Heartbeat qui sera mis en scène par Stéphane Vérité (Szenefestival Salzburg, 1997). Le nombre de ces collaborations n’aura de cesse dès lors, avec quelques points d’orgue tels que Eurydike en 2004 ou König Artus en 2010, ou encore Hydráos en 2020 avec l’incroyable danseuse Anna Maria MÜLLER – spectacle qui, outre la toujours fascinante musique de Thierry ZABOITZEFF « convoquera » aussi BEETHOVEN, SCHUMANN, DEBUSSY.

Le propos de Hydráos renvoie fort pertinemment aux questions soulevées par un confinement généralisé qui suggère des pistes d’évolution, voulues ou subies, surtout au plan psychique, voire fantasmagorique, lorsque les contraintes liées à un enfermement à vocation sanitaire entraînent des bouleversements sociétaux et individuels profonds -interférences de l’imaginaire, de l’angoisse ou de la dimension onirique dans notre quotidien.

Si Thierry ZABOITZEFF est bien connu de nos lecteurs comme co-fondateur d’ART ZOYD, sa carrière de compositeur hors de ce contexte bien connu date de plus de vingt-cinq ans (cf. sa récente anthologie en 3 CD) ! Né en 1953, Thierry ZABOITZEFF, multi-instrumentiste novateur trace sa trajectoire en solitaire ou en collaboration à travers le monde entier depuis 1995. Il a, depuis lors, enregistré vingt huit albums. Son site, www.zaboitzeff.org est une mine d’or pour qui souhaite découvrir ou redécouvrir la richesse de son parcours exceptionnel.

Née en1958 en Autriche, Editta BRAUN est considérée à juste titre comme une pionnière de la chorégraphie contemporaine. Forte d’un diplôme universitaire en sciences du sport, en langue et littérature allemandes (Université de Salzbourg), Editta BRAUN a étudié la danse à Paris et à New York. Elle enseigne à l’Université de Salzbourg et à l’Université privée Anton Bruckner de Linz. Elle a créé plus de 30 productions (théâtre physique, danse) et autant de tournées à travers le monde avec sa compagnie. Sa carrière est émaillée de collaborations interculturelles, sur fond d’engagement politique : elle pose un regard résolument féministe sur la société et le théâtre.

Elle a reçu le Prix international des arts et de la culture de la ville de Salzbourg en 2014, ainsi que le Grand Prix des arts de la région de Salzbourg en 2017.

Le propos de LUVOS migrations, film-chorégraphie de 19 minutes

Avec LUVOS migrations, Editta BRAUN évoque, à travers une chorégraphie fantastique, aux corps sans visage, aux attitudes vivantes certes, mais non-conformes à une gestuelle familière, l’évolution dans le temps, l’espace et les paysages définis par la civilisation, d’une population étrange, mi-humanoïde, mi-animale frayant son chemin indéfini sur les ruines d’un monde écroulé, figé ou dépeuplé. Projection onirique d’un monde épuisé à outrance par les humains ? Lendemains mystérieux post-cataclysmique pour une espèce émergente et fragile ? Hypothétique survivance biologique succédant à un naufrage de civilisation ? Cette étrange esthétique chorégraphique est imbriquée des couleurs cristallines et profondes de la musique ciselée d’un Thierry ZABOITZEFF dont l’originalité sied à merveille avec la dimension très novatrice du spectacle chorégraphique de Editta BRAUN. Le « Cairo Breaking Walls Festival » ne s’y est pas trompé en lui attribuant le prix spécial du jury en janvier 2023.

LUVOS migrations a aussi été primé Meilleur film de danse en janvier 2023 et a obtenu la troisième place en mai 2023 au festival Florence-Dance-On-Screen. Il a de même été présenté successivement à Salzbourg, au Caire, à Trostberg en Allemagne, à Pittsburgh aux États-Unis (au Constructed Sights Dance Film Festival) et a aussi été projeté à Cologne au Moovy Dance Film Festival ainsi qu’à Londres, etc.

La direction du film et la chorégraphie ont été assurées par Editta BRAUN et Menie WEISSBACHER qui était également derrière la caméra et était en charge de la post-production. L’enregistrement, la composition, l’interprétation et le mixage de la musique sont signés Thierry ZABOITZEFF ; et il faut souligner la magnifique performance des quatre danseuses Martyna LORENC, Anna Maria MÜLLER, Sonia BORKOWICZ et Berta RAMÍREZ.

La production de ce film remarquable, à l’esthétique novatrice, a été financée grâce au support du Ministère Fédéral Autrichien des Arts et de la Culture ainsi que par la ville de Salzbourg et l’État Fédéral de Salzbourg.

Editta BRAUN : « LUVOS a été créé dans notre port d’attache de Salzbourg et a commencé son voyage avec succès à travers 40 villes dans 20 pays. Partout, nous rencontrons l’étonnement et les standing ovations, quelle que soit l’origine culturelle des publics. Que ce soit au Sénégal ou en Bulgarie, en Estonie, en Écosse, en Grèce, à Chypre, en Israël ou en Irlande – une production LUVOS attire beaucoup d’attention et remporte des prix, comme il vient de le faire à l’un des plus grands festivals de théâtre égyptien, le Festival international de théâtre expérimental du Caire.

Mais qu’est-ce que LUVOS ?

Nous – c’est-à-dire mes danseurs spécialisés et moi-même – créons des êtres qui oscillent entre animaux et plantes avec des corps féminins extrêmement mobiles et enlacés, pour la plupart nus. Les corps complètement dépersonnalisés des danseurs (le visage et la poitrine ne sont jamais visibles) nous font oublier qu’il s’agit ici d’êtres humains. L’illusion est ainsi créée d’évoluer dans un monde unique, un univers nommé LUVOS. [La couleur spécifique de cet univers est] largement déterminée et suscitée par les compositions de Thierry ZABOITZEFF et la conception précise de l’éclairage de Thomas HINTERBERGER (*).

Il y a 37 (!) ans, en 1985, cette esthétique particulière a été lancée par Kollektiv Vorgänge (autour de Beda PERCHT et moi-même) avec une courte pièce, filmée par l’ORF et récompensée au plus important concours chorégraphique européen de l’époque à Paris.

À partir de 2001, j’ai développé des longs métrages très différents avec des générations de danseurs que nous avons emmenés dans le monde de la danse et du théâtre. Les prérequis physiques et techniques que les danseurs LUVOS doivent apporter avec eux sont si spécifiques qu’au fil des années un ensemble hautement spécialisé a émergé. Entre-temps, LUVOSmove® est devenu une technique de danse certifiée, que j’enseigne à l’université et qui fait l’objet de recherches scientifiques.

En ce début d’année 2021, alors que les performances scéniques internationales sont encore hors de question en raison de la pandémie, le désir de développer davantage le thème surgit : quelles nouvelles choses peut-on raconter de l’univers LUVOS par des moyens cinématographiques ? Avec la photographe et cinéaste Menie WEISSBACHER et l’équipe spécialisée de LUVOS, nous avons plongé dans l’aventure ! »

L’angle musical de LUVOS migrations : entretien avec Thierry ZABOITZEFF

Dans quelles circonstances s’est augurée votre collaboration avec la Editta Braun Company ?

TZ : Cela remonte à 1997, année de notre rencontre, je venais de quitter ART ZOYD et nous montions ensemble un duo: Heartbeat, un projet danse et musique live qui confirmera notre désir de poursuivre notre relation particulière et artistique.

L’année suivante, Editta m’invite à écrire et enregistrer la bande son originale du spectacle India pour la compagnie (1998) …

Y a-t-il précession de la musique, de la chorégraphie ou du propos dans la détermination d’un projet comme LUVOS migrations ?

TZ : Dans le cas de LUVOS migrations, la chorégraphie et les images ont été créées avant la musique. Dans certains cas lors du tournage, Editta a utilisé des musiques ou ambiances (pas forcément les miennes), histoire d’installer un certain climat. Mais tout a été composé au final sur les images définitives, y compris les bruitages et ambiances hors musique que j’ai recréés et synchronisés. À la toute fin, il y a eu évidemment des retouches dans les images et la musique (longueurs, dynamique etc.).

Ce mode de travail, de coopération est-il habituel dans le cadre de votre collaboration ?

TZ : Habituel, non ! Mais nous utilisons parfois cette méthode, les processus de création sont très variés et toujours très excitants. À titre d’exemple, souvent, sur chaque projet, nous décidons, ou Editta me demande un type particulier d’instrumentarium… Sur Nebensonnen, tout devait être autour du piano… Sur le premier projet Luvos, tout serait électronique, les demandes dramaturgiques venant compléter mes palettes électro-acoustique et instrumentales.

Je suppose que tu es, comme très souvent, seul maître à bord du projet musical ? Composition, interprétation, mixage…

TZ : Non, je propose des options sonores suite à nos échanges préliminaires, nous en débattons un peu puis je refonds toute la matière sonore et compositionnelle afin d’être au plus proche de la demande d’Editta et de sa compagnie en y conservant ma pâte et lorsque tout semble défini, je rejoue, réenregistre et remixe avec mon savoir-faire en studio.


Il y a de toute évidence un propos philosophique ou, au moins, politique et sociétal dans la trame sur laquelle les chorégraphies de la Editta Braun Company sont développées. Y a-t-il délibérément une continuité de propos entre les films successifs produits par la compagnie ?

TZ : Avec ses travaux chorégraphiques, Editta suit essentiellement deux impulsions : d’une part, l’exploration imaginative du corps humain en mouvement, déshabillé, dans son abstraction détournée (série Luvos, jeu avec l’illusion du corps) et, d’autre part, les possibilités de faire face aux dysfonctionnements sociaux et politiques par un discours artistique vital, qui professe l’émotion et une profonde humanité. L’internationalité comme perception et inspiration mutuelle ainsi que l’attention particulière portée à la situation des femmes caractérisent son travail depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui.

Les soutiens institutionnels en Autriche semblent indiquer une notoriété et une reconnaissance certaine des ouvres de la Compagnie Editta Braun (ECB). Penses-tu que la France est à la traîne de ce type d’intérêt pour les activités artistiques ?

TZ : De toute évidence, les soutiens autrichiens existent depuis la création de la Editta Braun Company et se sont développés au fil du temps. On ne peut pas dire que la France soit à la traîne, je n’en sais rien. Lors de notre parcours artistique, nous faisons des rencontres et développons des collaborations, ce sont de lents processus, souvent avec des institutions de pays fort différents et concernant la France, rien de sérieux n’a été initié ou entrepris jusqu’à ce jour mais cela n’est pas un problème.

As-tu d’ores et déjà d’autres projets en gestation avec Editta BRAUN ?

TZ : Un second projet de film est en cours, les premiers tournages se feront en août prochain mais je ne peux vous en dire plus pour le moment.

À quand une compilation de ton travail musical récapitulant ces décennies de coopération ?

TZ : J’y songe, mais il me faudra un peu de temps avant de réaliser ce type de compilation car nous n’aurons pas l’image et cela signifie qu’il faudra reconsidérer les découpages, les longueurs, les mixages tout en conservant l’identité originelle de chaque projet.

Article réalisé et propos recueillis par Philippe Perrichon

La BO de LUVOS Migrations est accessible ici :

https://thierryzaboitzeff.bandcamp.com/album/luvos-migrations-ep

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